Ce blog est pour le lecteur qui apprécie l'ironie, l'humour, qui est à l'affût de pensées faciles, d'idées saugrenues, d'inventions bidon, de conseils bizarres et qui n'est pas horrifié par le sarcasme, l'irrespect. Il est à éviter pour les conformistes, les dominants, les dominés.


jeudi 12 avril 2018

LA COURSE A LA FIN

La vie est une course dans l'espace-temps. Le départ est donné à l'accouchement et débute par un sprint qui s'achève vers la fin de l'adolescence, de l'apprentissage ou l'entrée à l'université. Le rythme ralentit, démarre la course de fond qui va emprunter des voies diverses, pas toujours carrossables. La routine s'installe, on parle de course d'endurance, peu d'abandons, surtout des accidents de la circulation.

Soixante ans marquent un changement de direction et une modification des conditions de la course. C'est du chacun pour soi. On ne se relaie plus, les plus forts galopent encore, loin devant. Les éclopés  avancent en se plaignant, prennent du retard et se demandent s'ils iront encore loin. Les secouristes ont du travail, les ambulances ne chôment pas, on  note de plus en plus de disparitions.

Ceux qui arrivent à l'octante sont encore nombreux, mais ils l'étaient au départ, vous vous en rappelez si vous y étiez. Ce n'est plus l'euphorie des premiers jours. Eux-mêmes ne se reconnaissent pas: amaigris, ratatinés, courbés, ridés, boitant, geignant, ils avancent en clopinant.

Il y a quelques exceptions, des coriaces, de la race des Curiaces à qui ont ne donne pas leur âge. Toujours fringants, galopant, faisant le joli cœur. Ils paraissent inaltérables, franchissent nonante en riant. Ils enterrent leurs enfants, sont prêts à en faire des nouveaux. Ceux qui déambulent, cramponnés à leur déambulateur ou qui roulent dans un fauteuil ne les voient pas.  En fait, ils refont la course  en sens contraire  et à la vitesse où ils vont, le retour à l'enfance est pour bientôt.

Tous les rescapés, du moins ceux qui savent qu'ils existent encore, ont le ferme espoir de pouvoir enfin un jour se reposer de cette sacrée course obligatoire, pour toujours.
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