Ce blog est pour le lecteur qui apprécie l'ironie, l'humour, qui est à l'affût de pensées faciles, d'idées saugrenues, d'inventions bidon, de conseils bizarres et qui n'est pas horrifié par le sarcasme, l'irrespect. Il est à éviter pour les conformistes, les dominants, les dominés.


lundi 19 mars 2018

LUTTE DES GÉNÉRATIONS

La sociologie, cette science exacte qui a beaucoup fait pour le bien des classes laborieuses et la lutte des déclassés s'est désintéressée du monde ouvrier depuis la disparition du travail.

Les chômeurs, trop fatigués pour se battre, n'étant pour eux (les sociologues) qu'un capital à exploiter, ils se sont reconvertis dans la lutte des générations. Ils y ont trouvé un champ de bataille à la hauteur de leur appétit et d'un désœuvrement qui les poussait à ne plus savoir que faire de leur capacité vitale. Heureusement, un vaste champ de cogitations transcendantales est en train de s'ouvrir avec le développement exponentiel de générations qui ont déjà commencé à entrer en conflit et ressuscitent l'ancienne guerre dont les sociologues n'avaient jamais fait complètement leur deuil, avouent, off the record, les plus sincères. Il y a d'un coté, les vieux de nouvelle génération qui vivent de plus en plus longtemps avec des stratifications qui s'étagent de la première vieillesse (70 ans), au vieux de deuxième génération (80 ans), au vieux de troisième génération (90 ans), au vieux de quatrième génération (100 ans), et on attend l'arrivée massive de vieux de cinquième génération  (110 ans) pour l'année 2030. En réalité, il s'agit surtout de vieilles (ndlr).  Parallèlement, les jeunes à l'ancienne reculent de plus en plus leur sortie de l'adolescence et vivent jusqu'à quarante ans aux crochets de leurs parents rapidement devenus des pré-retraités. Le conflit de génération est inévitable et les sociologues réapparaissent, fourbissent leurs traités, retrouvent le moral et un cheval à enfourcher.

Comme d'hab, deux écoles s'affrontent: les uns défendent  les pères, d'autres les combattent. Ceux-ci théorisent sur la culpabilité d'une société patriarcale incapable de fournir à  une jeunesse prometteuse les armes qui allaient lui permettre d'affronter une vie dangereuse et d'y trouver un bonheur responsable, une solidarité fraternelle avec leurs égaux, leurs frères et sœurs et leurs camarades, victimes - comme eux - d'un système qui a abandonné aux phalanges mercenaires qui occupent les pouponnières, les jardins d'enfants, les CM1, les CM2, les collèges, héritiers des prytanées militaires des premier et second empires, le maternage et l'éducation des bambins et des bambines pour mieux faire du fric, monter dans les échelons, les fonctions, faire des heures sup, des stages de perfection, plutôt que s'occuper d'une progéniture avide de savoir, de sagesse et d'ambiance familiale. Les pro-vieillards  fustigent avec la même virulence et les même arguments, à l'envers, la paresse, l'ignorance, l'indifférence, l'ingratitude des Tanguy éternels, incapables de maturer et qui, devenus des parasites, n'ont d'autre envie que de le rester.

Bourdieu n'est pas mort, ses cendres fument encore.
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