Ce blog est pour le lecteur qui apprécie l'ironie, l'humour, qui est à l'affût de pensées faciles, d'idées saugrenues, d'inventions bidon, de conseils bizarres et qui n'est pas horrifié par le sarcasme, l'irrespect. Il est à éviter pour les conformistes, les dominants, les dominés.


dimanche 11 février 2018

UN REMÈDE DU GRAND PÈRE

Avant de donner un antidépresseur, mon grand- père conseillait:

- de commencer par la traditionnelle tisane à la menthe poivrée, mais il remplaçait l'eau bouillante par un vieux rhum de la Jamaïque dilué au tiers avec un Vouvray sec d'une bonne année pas trop ensoleillée;

- si pas d'amélioration, après un verre aux 3 repas de cette tisane, pendant 8 jours ou en cas d'intolérance au poivre de la menthe, il passait à la manière forte car il ne supportait pas la contradiction et s'énervait facilement. Il avait remarqué - c'était un observateur - que la douleur est un puissant dérivatif à beaucoup d'inconvénients et que, bien appliquée, elle faisait oublier les soucis. Il recommandait donc de se donner - on peut se faire aider après les premiers jours, quand on n'est plus en état - un bon coup de marteau sur un doigt, en commençant par celui dont on se sert le moins, l'auriculaire habituellement. Cela fait très mal, chacun le sait. La douleur est telle que l'esprit se focalise sur elle, plus rien n'existe: surtout plus cette dépression et les mauvaises impressions qui l'encombrent et pourrissent la vie du pauvre déprimé. Dès que la dépression remontre le bout de son nez, un bon coup de marteau sur le doigt suivant, à lui de choisir celui qu'il veut. Le remède est à continuer en fonction du résultat. Généralement, pour une dépression moyenne, il est obtenu au bout du sixième coup de marteau, le réflexe de Pavlov ayant eu le temps de s'installer et de chasser la dépression.

Pour les dépressions coriaces, bien incrustées et qui n'en démordent pas, le grand père avait encore un tour à lui jouer, à cette belle salope, comme il disait, en s'excusant auprès de celles qui pouvaient l'entendre. 

Voilà comment il procédait, tout en douceur, méconnaissable, le vieux sacripant: 

- interdiction absolue de se regarder dans une glace. Il justifiait cette interdiction en disant que, cessant de voir dans la glace le salaud qui le faisant tant souffrir, le dépressif allait s'habituer à ne plus vivre en cette mauvaise compagnie et finir par la perdre de vue.

Mais cela ne suffisait pas, la vue n'est pas seul en cause, la responsabilité est aussi celle de la petite voix intérieure qui, sans arrêt, susurre des calomnies, des mensonges, des insanités, la fameuse auto-dépréciation du dépressif qui lui fait perdre toute considération pour lui-même au point de finir par se haïr et parfois se détruire. Pour ne plus entendre ce murmure infernal , à défaut de le faire taire, il faut couvrir son bruit par une musique agréable suivant les préceptes de Spinoza - mon grand-père était un fan de Spinoza -. Le plus commode est de mettre des écouteurs branchés sur Radio Classique ou n'importe quelles source de musique, Wagner est à éviter ainsi que celle des messes de requiem. Il faut privilégier la musique légère, optimiste: Offenbach, Mozart  donnent de bons résultats. 

Ce n'est qu'après l'échec de la méthode de grand-père que  les antidépresseurs, les électrochocs et le reste sont à essayer, mais c'est vous qui voyez.
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