Ce blog est pour le lecteur qui apprécie l'ironie, l'humour, qui est à l'affût de pensées faciles, d'idées saugrenues, d'inventions bidon, de conseils bizarres et qui n'est pas horrifié par le sarcasme, l'irrespect. Il est à éviter pour les conformistes, les dominants, les dominés.


mardi 6 février 2018

LE POTAGER NOUVEAU

Ceux qui, subitement convertis à la  sagesse et à la raison, veulent cultiver leur jardin, ont intérêt à commencer par le potager (c'est plus facile et plus utile) et à suivre mes conseils.

Pour ne pas être dérouté par le vocabulaire, pour avancer dans le mainstream, ne pas se marginaliser, être vilipendé, montré du doigt, pilorisé, ils doivent abandonner le motoculteur, la bêche, la motobineuse, et même la dernière arrivée, la gélinotte à 3, 4 ou 5 dents longues et se déclarer adeptes pratiquants de la permaculture. Ils peuvent, s'ils ont du culot, dire qu'ils la pratiquaient depuis toujours,à la Jourdain.

La permaculture, pour faire simple, c'est regarder la nature travailler pendant que l'on se repose et n'intervenir que pour planter et récolter, le travail étant laissé aux bons soins des vers de terre, de l' eau, du soleil, dès lors qu'on a mis en place les conditions de son succès. La  simplicité du programme peut vous décourager car il contredit votre détestable habitude de vous compliquer la vie.

Votre potager ne mérite pas votre mauvais sort car, lui, n'a rien à se reprocher, n'étant pas encore né. Donc faites au plus simple et cela vous sera facile puisque  vous avez la chance de pas sortir de Polytechnique.

1ère étape: choisissez un emplacement pour l'implantation, ne voyez pas trop grand sauf si vous voulez embrayer sur le maraîchage et fournir Carrefour: 1.5 mètres sur 8 suffiront pour vous lancer dans l'aventure.

2ème étape: choix de la butte. La méthode sans faire de tranchée est la moins fatigante. Elle est la mieux adaptée à votre fatigue chronique.

3ème étape: construction de la butte.  La base de la permaculture est la culture sur butte. Elle consiste à superposer des couches de tout ce qui vous tombe sous la main dans votre environnement. En commençant par le bas, vous mettrez des bouts de bois, des  branches avec leurs feuilles. Ce bois a pour mission de se décomposer et d'apporter de la matière organique, donc azotée. Sur cette première  couche, vous allez répandre une épaisseur de B.R.F. (Bois Raméal Fragmenté) ce ne sont que des branches de vos arbres ou arbustes que vous aurez passées dans votre broyeur ou dans celui que l'on vous a prêté; c'était la deuxième couche. Vous êtes prêt pour la troisième: elle est faite des feuilles mortes de l'automne que vous avez ramassées à la pelle et mises en attente, dans un coin, en souvenir de leur beau temps et en remerciement de l'ombre donnée. Une épaisseur de 20 centimètres fera l'affaire. Vous pouvez déjà prévoir un arrosage pour que tout ça commence à pourrir.

Un  saupoudrage des cendres de votre cheminée ou du poêle à bois sera le bienvenu pour apporter des sels minéraux utiles pour la suite (c'était la quatrième couche). Mettez une couche de vieux cartons pour empêcher la cendre de partir au vent. C'est le moment de la cinquième couche qui sera faite du compost qui, depuis longtemps, se morfondait dans le composteur. Une couche de 20 centimètres est la moyenne requise. Un arrosage  va mouiller l'ensemble, soyez généreux, vos légumes vous rendront l'eau, elle n'est pas perdue. La dernière étape est arrivée, la terre reprend ses droits et vous en mettrez une  couche sur toute la surface (sixième et dernière couche).

Il ne vous reste qu'à attendre les beaux jours pour planter ce que vous désirez manger en salade, en soupe, en purée, en  cru ou en cuit. Dans l'attente, vous pouvez saupoudrer de sciure  votre butte pour isoler la terre et laisser travailler son monde souterrain à vos futures agapes.
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