Ce blog est pour le lecteur qui apprécie l'ironie, l'humour, qui est à l'affût de pensées faciles, d'idées saugrenues, d'inventions bidon, de conseils bizarres et qui n'est pas horrifié par le sarcasme, l'irrespect. Il est à éviter pour les conformistes, les dominants, les dominés.


vendredi 9 février 2018

FIN DE VIE

Le mécontentement du personnel des EHPAD a des raisons encore meilleures que celles qu’il manifeste et des milliards ne résoudraient rien.

Il faut comprendre que ces structures n’accueillent pas que d'aimables vieillards perclus de rhumatismes venus y terminer, dans les souvenirs, la sagesse et le repos, une vie de travail, de fatigue, de famille. Ceux-ci ne posent que des problèmes qui ont une solution, que des questions dont ils comprennent la réponse. Ils marchent lentement, avec une canne ou en déambulateur mais leur cerveau est agile. Leur 4ème âge est presque aussi beau que les précédents. Les aider, les servir, les soigner est facile. Ils savent être contents, dire merci.

Et il y a les autres, de plus en plus nombreux, qui ne savent pas où ils sont, qui ils sont, ne reconnaîtraient plus leurs enfants s'ils venaient encore les voir. Ils ne savent plus lire, plus écrire, plus parler, plus manger.

Pire encore, il y a ceux qui, en plus de tout cela, sont grabataires, attachés à leur lit, incontinents. Ils crient, battent, mordent, griffent. Il faut les laver, les essuyer, les changer, sans arrêt.

Les morts-vivants, les comateux au long cours, n’ont plus de problèmes relationnels, seulement de nursing. Avec des sondes de haut en bas, une respiration assistée ou pas, tout baigne puisque que le cœur bat. Avec eux, on n’a pas à invoquer la légitime défense, on n’a pas  à  se défendre.

Tous ceux qui se scandalisent de la maltraitance en maison de grande dépendance ne supporteraient pas de passer une heure avec l’équipe de soins. Cette violence est de l'auto-défense, une façon -mauvaise - de se purger de sa fatigue, de son dégoût, de sa détresse,  de l'insupportable.

L’agression est physique. Aucun sens n’est épargné. Il faut mobiliser toutes ses forces et sa résistance pour maîtriser, manipuler, nettoyer cette humanité tournée à un état qui n’est pas la bestialité. Les animaux, dans leurs vieux jours, gardent une noblesse qui fait honneur à leur animalité.

Les hommes, les femmes qui finissent leurs jours dans l’abjection que nous avons décrite auraient refusé de s’occuper d’un pareil à ce qu’ils sont devenus.

Que faire ?

Réparer une injustice et payer à son juste prix l’effort surhumain que déploient celui et celle qui se chargent d’un ou d’une grabataire incontinent(e), gâteux(se), violent(e), reconnaître leur mérite.

Regarder avec logique, courage, sang-froid,  la réalité et accepter une vérité: l’organisme qui respire, digère, excrète mais qui a perdu sa tête n’est plus une personne, elle a été, mais elle n’est plus.

Les temps sont au changement puisque, même chez nous on peut maintenant signer un papier qui prévient que l’on refuse l’acharnement, que l’on veut en finir au plus vite et éviter de durer quelques années dans le plaisir d’un coma dépassé ou d’une dépendance de tous les instants. Laissons ceux qui sont attirés par cette perspective cocher la case «prolongation» et qu’ils fassent vivre l’enfer à ceux qu’ils ne reconnaîtront pas, mais refusons que leur fanatisme empêche ceux qui le veulent de choisir de partir avant de tomber dans l’indignité.

Les français doivent réfléchir au devoir, au droit de mourir avant qu'il ne soit trop tard.

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