Ce blog est pour le lecteur qui apprécie l'ironie, l'humour, qui est à l'affût de pensées faciles, d'idées saugrenues, d'inventions bidon, de conseils bizarres et qui n'est pas horrifié par le sarcasme, l'irrespect. Il est à éviter pour les conformistes, les dominants, les dominés.


lundi 15 janvier 2018

UN GRAND HOMME

Hormis sa tronche toute cabossée de pilleur de dépotoir, sa démarche de gorille en cavale, son allure de déserteur de l'armée du Salut en instance de détox après un passage à tabac, il avait tout d'un gentleman et ne déparait pas, assis,  sirotant sa verveine frappée, à la devanture du Flore, . Mathias de la Brillaudière était, de toutes les façons, trop remarquable pour s'inquiéter d'être remarqué.

Arrière- petit-fils d'un descendant de Bertrand du Guesclin, cousin  au troisième degré de l'héritière du concierge du pavillon de chasse de Chateaubriand, son  patrimoine génétique et pécuniaire le mettait à l'abri  de tous les soucis du tiers État et il pouvait se consacrer corps et âme à sa fibre poétique.

Il était devenu à la seule force d'une inspiration qui ne connaissait pas l'apnée, le poète qu'aurait fréquenté Villon, aimé Verlaine, admiré Boileau et devant qui, même les ennemies héréditaires de la patrie, s'inclinaient. Les Nobel reconnaissants lui avaient décerné à trois reprises leur prix. La littérature lui devait beaucoup, pour ne pas dire tout, avec la traduction en alexandrins de l'Anneau des Nibelungen, l'adaptation en esquimau classique des fables de la Fontaine et la découverte d'un Victor Hugo serbo-croate inconnu du grand et du petit public.

Les trois volumes que la Pléiade vient de rééditer à l'occasion de ses 100 ans devraient être pour les quelques dont vous faites partie, je le subodore, devant l'ignorance que la confusion n'arrive pas à cacher, l'occasion de découvrir la variété de son inspiration, la richesse de sa prosopopée et son élégance à transcrire tout ce qui ne peut être dit.

Pour vous mettre de l'eau dans la bouche et vous inciter à vous combler, je prends la liberté d’allécher votre curiosité avec deux vers emblématiques de son style, de son orthographe, de sa grammaire et de son vocabulaire:

"La vague était furieuse d'être prise en glace
Mais le mal était fait et tenait à sa place."

Ce maître enchanteur savait humaniser la nature et naturaliser les sentiments.


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