Ce blog est pour le lecteur qui apprécie l'ironie, l'humour, qui est à l'affût de pensées faciles, d'idées saugrenues, d'inventions bidon, de conseils bizarres et qui n'est pas horrifié par le sarcasme, l'irrespect. Il est à éviter pour les conformistes, les dominants, les dominés.


jeudi 5 décembre 2013

UNE BATAILLE MAJUSCULE

La guerre d’extermination des petits contre les grands ne finira donc jamais.
L’épisode le plus tragique a été, faut-il le rappeler, l’extermination des dinosaures, au début du tertiaire. Des hypothèses farfelues avaient été émises : changement climatique, chute d’un météorite, etc. En réalité, la responsabilité incombe à une variété de fourmis, les ponéroïdes, prédatrices carnassières qui, un jour de disette, ou, je le crains, par haine jalouse s’attaquèrent aux œufs de nos reptiles géants. Leurs sucs acides dissolvaient la coque de l’œuf et elles transféraient blanc et jaune dans la fourmilière, condamnant à l’extinction en 3000 ans toutes ces bestioles pacifiques et sympathiques qui faisaient l’orgueil et la beauté de la faune de l’époque. Aujourd’hui, sous nos yeux effarés, c’est à la lecture, à la littérature, à la grammaire de notre langue que l’on s’attaque puisqu’un manifeste signé d’un quarteron d’universitaires sectaires et dévoyés vient de réclamer l’éradication de la majuscule et l’utilisation exclusive de la minuscule.
Se déclarant héritiers des sans-culottes, des communards et des soixante-huitards, ils exigent l’abolition de la majuscule, symbole de l’oppression des riches, des capitalistes esclavagistes, des 100 familles milliardaires qui possèdent la France. Il faut en finir, proclament-ils, avec la morgue affichée par la taille de la première lettre du premier mot de la phrase, figure emblématique de la caste dominante. Toutes les têtes qui dépassent doivent être coupées, comme au temps béni de la Révolution de 1789 pour qu’aucune ne puisse se prévaloir d’une supériorité due à son rang.
La pétition a été reçue avec enthousiasme par tous les syndicats d’enseignants. Les étudiants de Normal Sup’ ont défilé rue d’Ulm derrière un drapeau rouge en chantant la carmagnole. L’Académie Française n’arrive pas à fédérer les opposants à cette mise au plus bas niveau. Le président, empêtré dans ses guerres coloniales, débordé par une jacquerie en Petite Bretagne, a réuni en toute hâte une commission sous la houlette d’Attali renforcé de Minc et de BHL pour éviter d’avoir à donner un avis. À côté de ce qui s’annonce, la bataille d’Hernani ressemblera à celle des petits chevaux. Il faudrait, pour que la majuscule résiste à l’offensive, que le père Noël choisisse son camp. Un espoir subsiste selon les résistants au nivellement : qu’il appelle le Saint Esprit au secours, lui qui certainement n’aimerait pas être écrit comme l’esprit de vin et commande aux cavaliers de l’Apocalypse de charger les barricades minuscules.

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