Ce blog est pour le lecteur qui apprécie l'ironie, l'humour, qui est à l'affût de pensées faciles, d'idées saugrenues, d'inventions bidon, de conseils bizarres et qui n'est pas horrifié par le sarcasme, l'irrespect. Il est à éviter pour les conformistes, les dominants, les dominés.


vendredi 20 décembre 2013

LA JUSTE MESURE

Pour résorber le chômage, amorcer la réforme fiscale, assurer l’égalité homme-femme, faire avancer la parité, en finir avec l’esclavage domestique, le président de la République, sur proposition des ministres concernés, a décidé que la femme au foyer percevra le juste salaire de son travail.
Elle qui cuisine, lave, repasse, balaie, nettoie, fait les lits, les courses, s’occupe des enfants gratuitement, sans un remerciement, recevra dorénavant des gages à la juste mesure de son labeur.
Elle joue au quotidien, en permanence, le rôle qu’au 19ème siècle, avaient, dans les riches maisons bourgeoises, la gouvernante, le cuisinier(e), assisté du rôtisseur, du saucier, du pâtissier, aidés de deux ou trois filles d’office. Elle fait la lingère (et la repasseuse), la chambrière et le valet de chambre et, souvent, la bonne d’enfant, la répétitrice, le précepteur. Elle cumule ainsi 13 emplois, en plus d’être la maîtresse de maison.
Et, pendant ce temps-là, monsieur parle, discourt, dicte des lettres qu’il signera plus tard sans même les relire, prend quelques décisions, assiste à des réunions, lit son journal (technique) et se prélasse derrière son bureau en attendant que le temps passe.
Il sera désormais obligé de payer le service rendu par sa femme au foyer. Ce foyer qu’elle entretient, dont elle fait briller les parquets, resplendir l’argenterie et en fait le lieu où l’époux a toutes les aisances, sans fatigue, sans dépenses.
Le travail de la ménagère dans la maison est un travail obligeant à connaître de nombreuses spécialités acquises au prix d’un long et dur apprentissage. Elle a dû acquérir des connaissances hôtelières, maîtriser tous les métiers de bouche : découper un gigot, désosser un lapin, lever les filets, monter les œufs en neige, affiner le fromage, etc. Sur le marché, chez les commerçants, elle doit éviter de se faire gruger. Elle soit savoir reconnaître le poisson frais, débusquer la pomme pourrie, choisir la salade fraîche et ne pas se laisser servir du pain rassis.
Avec cette formation digne de Polytechnique, elle pourrait prétendre à un salaire cumulant tous les métiers qu’elle exerce, comme monsieur Jourdain faisait de la prose, et les gains du conjoint n’y suffiraient pas. Le président, dans sa sagesse, a décidé qu’il sera la moitié du sien afin que chacun soit traité de façon égalitaire. Bercy jubile car avec les prélèvements sociaux, l’impôt sur le salaire de 2 millions de femmes au foyer, le déficit français va passer sous les 1%.
Le ministère de la femme triomphe et madame Belkacem, la passionaria de l’égalité des sexes va entrer dans l’Histoire.
Le ministre du travail quitte sa mine blafarde et se retrouve avec 2 millions de travailleuses supplémentaires.
La ministre de la Santé frotte ses mains soyeuses car le nombre de femmes au foyer sous antidépresseurs va chuter et c’est tout bon pour la S.S.
Nous ne doutons pas que cette grande réforme sera accueillie avec enthousiasme par la moitié de la population appariée, actuellement confinée dans les cuisines. N’ayant plus besoin de l’aumône d’une pension de réversion, avec sa juste retraite, ayant par la force de la loi conquis le droit à un statut social gratifiant lui donnant une place émérite dans la société civile, la femme au foyer, travailleuse oubliée, méprisée, ravalée au rôle d’esclave moderne voit ses mérites récompensés et devient la dernière victoire de la Révolution de 1789.

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