Ce blog est pour le lecteur qui apprécie l'ironie, l'humour, qui est à l'affût de pensées faciles, d'idées saugrenues, d'inventions bidon, de conseils bizarres et qui n'est pas horrifié par le sarcasme, l'irrespect. Il est à éviter pour les conformistes, les dominants, les dominés.


vendredi 19 avril 2013

INFERNALE MNÉMÉE

Et si le bonheur ne tenait qu’à la mémoire et lui était inversement proportionnel… ? L’évidence était trop éblouissante pour être perçue et vous serez convaincu si vous prenez la peine de poursuivre.
La démonstration part de la contemplation d’un poisson rouge dans un bocal. N’importe lequel fera l’affaire car, pour vous qui êtes observateur, tous les poissons rouges se ressemblent dès qu’on supprime leurs différences. Les pisciculteurs savent tout sur le poisson rouge (Carassius auratus). Si vous en connaissez un (un pisciculteur) et que vous l’interrogez poliment, il vous apprendra que son stockage de souvenirs dans sa mémoire atteint les trois secondes en moyenne. À notre échelle – mais qui n’est pas la sienne – gardons cette remarque en mémoire, on peut dire qu’il oublie l’information aussi vite qu’elle entre. Cette faculté d’oubli lui facilite beaucoup la vie. Elle explique :
 
1/ Qu’il ne s’ennuie jamais ;
 
2/ Qu’il tourne interminablement dans son bocal parce qu’à chacun des 360 degrés qu’il parcourt sans se lasser il redécouvre un paysage nouveau, celui qu’il avait oublié dès les 3 secondes passées ;
 
3/ On comprend pourquoi le poisson route n’est pas un poisson dépressif, pourquoi il n’y a jamais de suicide chez les poissons rouges. Il faut trouver le responsable du poisson rouge frétillant ante mortem sur le tapis du salon non pas dans un saut de la mort suicidaire mais dans le chat de la maison, même s’il dément en prétendant qu’il a horreur de l’eau.
 
4/ En ne vivant que dans le présent, sans passé ni futur, le poisson ne s’encombre pas de souvenir et n’a aucun projet pour l’avenir. Ne se rappelant de rien, il n’a peur de rien. Quel sage est plus serein, plus heureux, plus détaché que le poisson route, quelle méditation est plus transcendantale que la sienne ? Le poisson rouge est l’exemple à suivre, le cadeau à donner, la preuve par 9. Dernier conseil : quand vous voyez un poisson rouge, soyez modeste, inclinez-vous.
 
Avec une base de départ aussi extrême que le poisson rouge - il existe peut-être d’autres espèces dont le stockage de la mémoire est encore plus court. Des recherches sont en cours sur le puceron et il semblerait que l’on atteigne la nanoseconde, mais les chiffres sont contradictoires. Même l’horloge atomique manque de précision. - Reprenons, avec une base de départ aussi extrême que le poisson rouge, il est facile de poursuivre la démonstration des effets délétères de la mémoire sur le bonheur que procure le plaisir de vivre en étudiant ce qui se passe quand la capacité mnémonique augmente.
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 LA MÉMOIRE À UNE MINUTE

 
Elle est très répandue chez les personnes âgées et très âgées. Le phénomène commence à se faire sentir à 67-68 ans. Il se manifeste par un oubli quasi-immédiat (chronométré, le temps entre le fait et sa disparition mnésique oscille entre 35 et 65 secondes). Il a pour substrat un fait anodin qui vient d’être exécuté et l’interrogation est quasi-immédiate : où sont les clefs ? A-t-il mis ses gouttes dans les yeux ? A-t-on pris le comprimé, fermé la porte, etc. Le souvenir s’est envolé avant de s’imprimer. L’inconfort est véniel, énervant, parfois embêtant. Il fait courir le risque de surdosage, entraîne des pertes de temps, peut faire manquer le train. Il n’a pas d’influence mesurable sur la qualité du bonheur, car la mémorisation des faits antérieurs n’est pas altérée et c’est durant les 20 premières années qu’ils sont les plus perturbants puisqu’ils concentrent tous les souvenirs de la crise de l’adolescence, période charnière qui conditionne la suite des évènements et explique tous les ressorts de la tragédie qui fera le reste de la vie. 
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LA MÉMOIRE À UNE HEURE

 
C’est l’apanage de la linotte (linotte : petit passereau siffleur amateur de linette – graine de lin – brun sur le dos, rouge sur la poitrine pour le mâle au printemps, amateur des cimetières forestiers).
Ce sympathique oiseau a une mémoire à court terme de soixante minutes. Elle n’en souffre pas ni les oisillons car ses allers-retours au nid n’excèdent pas 5 à 10 minutes. Elle sait donc en permanence où il est et ce qu’elle doit y faire. L’acquisition du souvenir se passant avant la durée de l’effacement, lui rend le temps plaisant. Elle n’a pas à se soucier du rappel des mauvais moments du passé : froid de l’hiver, raréfaction des graines des végétaux herbacés, infidélités du mari, abandon du nid par les petits, etc. Bien que très dure, sa vie lui paraît légère, d’où l’emploi qu’on fait de sa tête.
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 LA MÉMOIRE À 24 HEURES

 
La mémoire à 24 heures, je n’en sais rien car je n’en ai pas trouvée. Votre témoignage m’intéresse.
à suivre

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