Ce blog est pour le lecteur qui apprécie l'ironie, l'humour, qui est à l'affût de pensées faciles, d'idées saugrenues, d'inventions bidon, de conseils bizarres et qui n'est pas horrifié par le sarcasme, l'irrespect. Il est à éviter pour les conformistes, les dominants, les dominés.


lundi 28 janvier 2013

UN REMÈDE AU CHÔMAGE


On vous l’a dit et redit : l’heure est grave. Demain elle sera pire quand, à la fin de l’année, le président n’ayant pu tenir son pari fou (diminuer le chômage, ne serait-ce que de façon symbolique, un 0,01% aurait suffi) se fera, dans un moment de folie, Seppuku. Le Hollandais géant habitué à gagner ses combats ne supportera pas la défaite honteuse et le même échec que le nain hongrois.

Français, françaises, J’en appelle à votre humanité, à votre générosité : sauvons-le, sauvons sa famille décomposée, sauvons-nous du chaos, de la spirale infernale. Apportons à ceux qui n’en ont pas, les idées qui leur manquent.

Vous, les jeunes d’Agoravox, qui savez à longueur de colonnes et de commentaires nous dire ce qu’il faut faire, ce qu’il aurait fallu faire: donnez des solutions au problème, sauvez le soldat Hollande.

Quant à moi, je montre le chemin, à ma mesure, modestement en conseillant au ministre du chômage une politique au long cours établie sur des principes solides et bâtie de concepts indiscutables. Je lui recommande de ne pas embaucher de nouveaux fonctionnaires qui, trop souvent, s’ennuient – quand ils ne dépriment pas – dans leur bureau, à essayer de comprendre les formulaires d’autres collègues aussi désespérés, mais de prendre l’habitude d’encourager l’initiative personnelle qui favorise l’aide entre soi, développe les relations interpersonnelles, les échanges de bonnes pratiques et évite, bien sûr, le gaspillage des ressources naturelles. Cette politique sortira de l’oisiveté, mère de tous les vices, un nombre pas négligeable de ceux qui le voudront.

Après ce préambule propre à piquer la curiosité du ministre je lui délivrai la liste des petits métiers oubliés ou en voie de disparition dont je souhaite la réhabilitation. Je lui en soumis des nouveaux à promouvoir afin de réveiller en lui (le ministre) l’esprit entrepreneurial dont l’intensité nous avait, vous vous en rappelez, tellement impressionnés, lors de la campagne électorale.

Tous les secteurs de l’activité sont concernés et chacun selon sa formation, ses aspirations, ses aptitudes devrait y trouver à s’employer.

Je commençai par le service à la personne. Il est à la mode mais son développement actuellement arithmétique pourrait devenir exponentiel si on arrêtait de le confiner aux services rendus traditionnels (hôtesse de l’air, d’accueil, gendarme, balayeur, sage-femme, infirmière, manucure, aide-soignante, bonne à tout faire, etc.). D’autres besoins se feront sentir dès lors qu’ils pourront être satisfaits et je pressens une forte demande pour (dans le désordre) :

-      Liseur(se) de contes de fées (si enfant en bas âge). Cela libérerait la mère célibataire, lui permettrait de chercher un mari et donnerait au bambin le goût de la lecture ;

-      Joueur(se) de cartes, de dames, d’échecs, de petits chevaux pour personne seule, à déplacement difficile, habitant un étage élevé sans ascenseur mais ayant gardé un esprit ludique ;

-      Toujours pour personne seule mais aimant la conversation voire la discussion, un beau parleur trouverait l’interlocuteur à sa mesure ;

-      Joueur(se) de double (il est parfois difficile pour un amateur de tennis de trouver un partenaire, surtout en double).

-      Marchand de sable. Vieux métier disparu, remplacé, hélas, par les benzodiazépines. Il servait à endormir les enfants. Son nombre pourrait être décuplé s’il obtenait une AMM étendant son emploi aux personnes âgées, trop souvent insomniaques.

-      Porteur(se) de lettres à domicile. Les retards dans la distribution de courrier dus au dysfonctionnement de plus en plus fréquent des trieuses automatiques devraient permettre à ce métier de raccourcir le délai  entre l’écriture de la lettre et sa lecture. Ce service, du moins en ville, s’effectuer à pied ou en vélo, donc sans émission de CO2. Le coût du transfert mériterait d’être déductible.

Je vais abréger mes commentaires car les vôtres suffiront :

Métiers manuels :

-      recouseur de boutons ;

-      gonfleur de pneus ;

-      masseur à domicile ;

-      arroseur de fleurs ;

-      raviveur de papiers déteints ;

-      épuceur de chien ;

-      épuceur de chat ;

-      laveur de plantes (il aurait pour mission d’éradiquer manuellement les pucerons, les cochenilles, les fourmis rouges, les tâches noires etc. des plantes d’appartement en lieu et place des pesticides et autres cochonneries) ;

-      réparateur de presque tout (changer une ampoule, un fusible, un joint, une prise de courant, de TV, de téléphone, remettre une pile, resserrer un boulon, etc.) ;

-      cureur de dents, gratteur de dos ;

-      pousseur de voiture. La fonction de pousseur est connue dans le métro (celui de Tokyo où il comprime les passagers pour en emmagasiner le plus possible, à distinguer de celui de Paris, dangereux serial killer, psychopathe à ne pas approcher de trop près). Le pousseur de voiture est un pousseur de ville. Réservé à des athlètes vieillissants ayant perdu leur permis de courir en compétition mais dotés encore d’un bon souffle et de jarrets d’acier, il se placerait à l’arrière de la voiture, laissée au point mort et exercerait une pression d’arrière en avant en lieu et place du moteur. Pour la marche arrière il se situera devant le capot pour exercer son effort. Plus de pollution, la mauvaise haleine des rues serait guérie, plus besoin de tramway. La vitesse serait réduite, la voiture marchant au pas, finis les accidents de circulation. Malgré votre enthousiasme ce petit métier aura du mal à prospérer car les corporatismes, plaie de notre société bloquée, se mettront en branle : pompistes, pétroliers, pneumologues, brancardiers, ambulanciers, orthopédistes, PVistes, etc. Le Sud-ouest serait particulièrement propice à cette propulsion musculaire. Elle pourrait être étendue aux poids-lourds, même en surcharge, par la mobilisation des première, deuxième et troisième lignes des équipes de rugby au chômage technique durant l’intersaison. Ce serait un entraînement bienvenu pour les mêlées futures et leur éviterait de perdre du temps à ne rien faire de bon.

En vrac et pour faire court car je sens que vous fatiguez : éplucheurs de patates, faiseurs de confiture, repasseurs au fer chaud, tricoteuse de chaussettes, avec son acolyte la repriseuse de trous. Des bavards bien renseignés remplaceront les panneaux indicateurs (Decaux sera pas content). Des préposés aux croisements remplaceront les feux rouges.

Je terminerai cette énumération – non exhaustive car je réserve la liste complète au ministre - par des petits métiers qui méritent de redevenir ce qu’ils ont été pendant si longtemps et que nos farceurs écologiques ignorent, aveuglés par leur cécité naturelle. Je ne parle pas de l’aboyeur municipal, du tambour de ville, du rémouleur, du laveur de vitres, du bedeau, du chanteur de rue, du vendeur de cartes (légères) à la sauvette, du cireur de bottes. On en trouve encore ici et là. Nous ne citerons pas non plus les ramasseurs de balles perdues et les chicoteurs de poubelles, hélas, toujours en activité de nos tristes jours. Je finis cette liste qui tourne à la litanie bien que je haïsse les vœux pieux par deux métiers du passé auxquels je prédis un grand avenir : le ramasseur de crottin et le marchand de peaux de lapin.

Le ramasseur de crottin.


Il travaille aujourd’hui dans les haras et les clubs hippiques mais, jusqu’à l’après-guerre, quand l’essence était rare, que des charrettes remplaçaient les camions réquisitionnés, que les corbillards n’étaient pas motorisés, des chevaux circulaient dans les rues et crottaient. Armé d’une pelle et un balai, il ramassait les tas fumants et les enfournait dans une petite remorque.

À Paris il a sa place dans les alentours des quartiers de la garde républicaine. Il devrait en suivre les parades et ne pas laisser aux motos-crottes le soin d’enlever cet or en crottin. On sait que les fèces de ces demi-sang (français) élevés au foin de la Crau, aux bons picotins d’avoine et à la paille craquante donnent un engrais organique d’une qualité supérieure digne d’une AOC et, comme disait Saint Nicolas, le crottin de cheval est à la plate-bande ce que le crottin de Chavignol est à votre assiette.

Le marchand de peaux de lapin.


C’était une figure très populaire dans les villes et aussi dans les campagnes. Il s’annonçait par une mélopée sauvage à deux tons avec un tonitruant « Peau de lapin, peau des guenilles, peau ! ». Il achetait la peau des pauvres jeannots qui avaient fini leur vie en civet ou en pâté. Séchée, tendue, elle finissait en belle pelisse ou en feutre dans les melons. Ils n’étaient pas morts pour rien. En complément, la consommation du lapin autochtone devrait être relancée comme sa production familiale. Nourrissant, pauvre en cholestérol, végétalien lui-même - les végétariens l'acceptent à la moutarde – le lapin domestique permettra, grâce à sa peau, de bien faire vivre quelques marchands ambulants, façon pour eux de retrouver leur joie de marcher en chantant et de ressusciter une industrie de la fourrure et du chapeau.

Tous ces métiers qui attendent en coulisse qu’on veuille bien s’occuper d’eux, pourraient nous faire retrouver l’âge d’or du plein emploi, quand le chômage n’existait pas, ou était résorbé naturellement par toutes les institutions qui accueillaient à bras ouverts ceux qui ne voulaient pas se fatiguer à trop en faire : les séminaires, les monastères, les régiments, les guerres coloniales (mais là il y a peut-être un débouché qui revient).

Votre contribution au renouveau du travail et à la baisse du chômage sera la bienvenue. Veuillez adresser vos propositions au ministère des idées nouvelles, la poste – ou un porteur-  fera suivre.  

 

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